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C’est la crise finale ♪♫♪…. (Y a-t-il une spécificité française à la crise ?)

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crise finale

Marchés de la misère à Paris

Il est de bon ton de critiquer Hollande. À sa gauche, parce qu’il ne fait pas une politique de gauche. À sa droite parce qu’il est incapable, pas courageux ou, au mieux, parce qu’il n’a pas pris la mesure de la gravité des problèmes. Et dans ses propres rangs parce qu’il conviendrait de donner aujourd’hui un deuxième souffle au quinquennat. Mais pour faire quoi ?

Aujourd’hui, quelles sont les caractéristiques de notre monde globalisé ?

Jamais la production de richesse n’a été aussi importante… et pourtant la pauvreté et la grande pauvreté persistent. La pauvreté a tendance à baisser dans les pays en développement, mais la baisse tendancielle stagne. Elle s’accroit rapidement dans les pays développés, suprême paradoxe, accompagnée d’un phénomène nouveau qui avait disparu depuis la fin du XIXème siècle, celui des salariés pauvres.
Les dettes souveraines sont colossales. Il est raisonnable de penser qu’on ne les remboursera jamais complètement.
Le rôle des pays émergents change-t-il fondamentalement la donne ? Ils ont tiré durant quelques années l’économie mondiale et permis une réduction notable de la pauvreté dans leurs pays… au prix d’un accroissement du chômage dans les pays développés. Mais ils s’essoufflent. Aujourd’hui on délocalise en Chine pour produire au Vietnam ou en Afrique ! Et une nouvelle tendance de fond émerge : il y a de moins en moins de différences entre les pays et de plus en plus au sein de chaque pays. Le luxe se vend partout et la pauvreté s’affiche partout.
La crise que nous vivons a deux origines. La première est la déréglementation financière des années 80, menée par Thatcher et Reagan, qui a rendu possible la financiarisation des économies. Aujourd’hui on gagne plus d’argent, et plus vite, avec l’argent qu’en produisant. C’est l’emploi la première victime. La deuxième origine est le modèle même de société dans lequel nous vivons : la course aveugle à la production pour la production et son corollaire, la surconsommation. Pour maintenir l’emploi il faut atteindre des niveaux de croissance désormais inatteignables, même lorsque tout va bien.
Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, la crise est générale : économique, sociale, financière, démocratique, écologique, idéologique.
L’année 2008 a marqué un tournant. Depuis cette date, pour échapper au pire, les décideurs appliquent rustine sur rustine. Mais la crise perdure.
Ce qui pointe désormais à l’horizon, c’est la barbarie. Nouvelles guerres, arrivée au pouvoir de l’extrême droite.

Des solutions existent-elles ?

Edgar Morin en propose trois, en plus des promesses déjà faites par le candidat Hollande (Lutte contre l’évasion fiscale, suppression des paradis fiscaux, taxe Tobin)
Le lancement massif d’une économie verte.
Une politique de la campagne qui remplacerait l’agriculture industrielle par une agriculture écologique.
Une grande politique novatrice de la santé.
Il développe plus en détail ces trois voies et s’adresse au président de la République pour les mettre en œuvre.

Peut-on mener, en France, de telles politiques, et sortir de la crise ?

Voilà une question fondamentale ! Des pays comme le Danemark ou les Pays-Bas se sont attaqués frontalement et dans la cohésion sociale au problème. Ils ont eu quelques succès, notamment en termes de baisse du chômage. Mais le répit n’a été que de courte durée. L’Allemagne, de son côté, a aussi amélioré l’emploi…au prix d’une forte dégradation des conditions de travail et des salaires des salariés les moins qualifiés. L’Argentine mène, depuis sa dernière crise financière de 2002, des politiques économiques hétérodoxes (non remboursement d’une grande partie de ses dettes, protectionnisme élevé, nationalisations peu efficaces et coûteuses, protection de l’industrie nationale sans développer la concurrence)… au prix d’une inflation annuelle de 25% qui pèse sur le pouvoir d’achat des plus pauvres et d’un isolement chaque fois plus grand sur la scène internationale qui coupe le pays de l’accès au crédit et donc de sa modernisation.
Tout laisse donc à penser qu’il n’y a pas de solution nationale à cette crise.

La solution de cette crise est-elle mondiale ?

À crise mondiale, réponse mondiale. Quelles pourraient être les réponses ? Deux voies sont possibles.
Pour reprendre l’analyse marxiste, jamais les conditions objectives d’une révolution n’ont été autant réunies. Sûrement beaucoup plus que dans la Russie tzariste sous industrialisée du début de XXème siècle. C’est la première voie. Imaginons un printemps global mêlant les plus défavorisés et une bonne partie des classes moyennes. Pas impossible. Mais ce qui est nouveau en ce XXIème siècle, c’est la capacité de contrôle et de répressions des appareils d’état. Non seulement en Chine ou à Cuba, mais également dans les grandes démocraties occidentales. L’espoir de voir aboutir une ‘’révolution mondiale’’ est très faible.
La seconde voie serait celle d’une gouvernance globale. Un certain nombre de facteurs militent en ce sens, par exemple la volonté de certains grands pays de mieux réguler la finance. Cependant le constat est amer : les intérêts des pays sont très divergents. Pour faire simple, les pays émergents n’ont aujourd’hui aucun intérêt à aller dans le sens des pays déjà développés… tant qu’ils profitent de la globalisation.

La conclusion s’impose. Nous vivons une crise grave, générale et durable. Les solutions nationales ne sont que des rustines. Les conditions d’une résolution globale de cette crise ne sont pas près d’être réunies.


3 commentaires

  1. Cécile Dufêtre dit :

    Ton analyse, claire comme de l’eau de roche, devrait être soumise à tous les yeux. Clarté, efficacité. Bravo ! Hélas, le constat n’est guère optimiste, et ne saurait l’être dans le contexte qui est le nôtre. Tu as bien fait d’attirer mon attention sur cet article (je n’étais pas allée fouiller dans les archives). A propos d’Edgar Morin et du collectif Roosevelt dont je suis une obscure signataire, tu as dû remarquer que deux membres de notre gouvernement actuel en font partie : Jean-Marc Ayrault et Arnaud Montebourg l’ont signé lorsqu’ils étaient députés.

  2. […] Voici le lien de mon article : https://cyrilbaumgarten.wordpress.com/2013/07/01/cest-la-crise-finale-%E2%99%AA%E2%99%AB%E2%99%AA-y-a… […]

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